Cet article m’a été communiqué par Bénédicte DUPONT. Elle en est l’autrice et a autorisé sa publication. Partageant son analyse, je m’y associe pleinement.
Dans les moments de deuil national ou international, il est courant de voir les drapeaux tricolores mis en berne en signe de respect et de solidarité. Cependant, il est important de se demander si chaque hommage rendu est aligné avec les valeurs fondamentales de notre République laïque.

Récemment, le premier ministre a décidé de mettre les drapeaux tricolores en berne en hommage au pape. Ce geste hautement symbolique soulève des questions importantes sur ce que nous choisissons, d’honorer et de respecter et pourquoi.

Il est essentiel de rappeler que ce monarque était connu pour ses positions traditionnelles anti-IVG « Un avortement est un homicide. Les médecins qui font cela (…) sont des tueurs à gages », homophobe et pour avoir trouvé des excuses aux auteurs des attentats contre nos amis et camarades de Charlie Hebdo « On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres. On ne peut pas la tourner en dérision ! ». Le progressisme apparent de l’Église sous son pontificat cache en réalité un piège rhétorique, où l’ouverture vise finalement à consolider un ordre moral traditionnel. Son héritage sera celui d’un conservatisme déguisé en modernité. L’idéologie traditionaliste demeure inchangée et rigide, dissimulée sous le masque trompeur d’une Église feignant d’évoluer, mais qui ne s’est toujours pas complètement débarrassée de ses membres amateurs du port de la soutane entre les dents.

Néanmoins, dresser le bilan de ce pontificat est l’affaire des catholiques. En qualité de citoyenne de la République française, cette décision de l’État invitant à porter le deuil d’un chef religieux me heurte. Notre pays, fondé sur les principes de liberté, d’égalité et de fraternité ne devrait pas honorer ceux qui vont à l’encontre de ces valeurs. La laïcité, pierre angulaire de notre société, nous protège de toute contrainte religieuse ou idéologique.

Mettre les drapeaux en berne pour un tel personnage et pour le symbole qu’il représente est un coup porté à toutes celles et tous ceux qui se battent à travers le monde pour les droits humains, pour la liberté d’expression et pour l’égalité. La France n’est plus la fille aînée de l’Eglise depuis la Révolution française. Il faut que nos gouvernants et nos élus le comprennent, quelles que soient leurs convictions personnelles. Puisse notre République en être un phare de liberté.

Laissons flotter au vent de la liberté les drapeaux tricolores aux frontons des édifices publics !