La direction générale des finances publiques (DGFiP) vient de publier une étude sur les revenus et le patrimoine des foyers les plus aisés. Cette étude confirme que les ultra-riches deviennent d’année en année encore plus riches et que les inégalités se creusent.

Étude portant sur les revenus les plus élevés
L’étude porte sur les 40700 foyers fiscaux qui disposent des revenus les plus élevés. En 2022, pour faire partie de ce groupe, il fallait avoir déclaré un revenu annuel d’au moins 463 000 euros. En moyenne ces foyers avaient déclaré un revenu d’un peu plus de 1 million d’euros à comparer aux 32 000 euros gagnés en moyenne par les autres foyers, soit trente fois plus.
L’écart se creuse
Entre 2003 et 2022, le revenu moyen de ce groupe, un dixième du décile supérieur de la population (10 % des revenus les plus élevés), a augmenté de 119% soit plus que doublé. Les neuf dixième suivant du décile supérieur ont vu aussi augmenter leurs revenus de 79%. Pour le reste de la population, neuf foyers sur dix, les revenus n’ont pas augmenté de plus de 39% sur la même période.

L’étude montre que depuis 2003 le revenu des ultra-riches a augmenté de 3% par an hors inflation et celui des autres français a progressé de 0,5%. L’écart se creuse. Même à l’intérieur des foyers aisés cet écart se creuse.
D’où viennent ces revenus ?
Pour le groupe des plus aisés, les traitements et salaires représentent 35,5% du total. Les dividendes et les plus-values tirés des capitaux dont ils sont propriétaires constituent 47% et les bénéfices des entreprises qu’ils détiennent 10,5%. Leur patrimoine foncier n’intervient que pour 3%.

Pour le reste des contribuables les revenus des capitaux mobiliers pèsent très peu (2%). Ce sont les traitements et salaires qui constituent l’essentiel des revenus (63%).
Accroissement des inégalités
Selon les auteurs de l’étude, en 2022, les 10% de ménages les plus aisés reçoivent ensemble 34,1% des revenus de tous les français, contre 32,4% en 2003. C’est l’enrichissement des 10% des foyers les mieux dotés qui explique l’accentuation des inégalités.

Le patrimoine immobilier des foyers les plus aisés a augmenté de 18% entre 2017 et 2022. Ces foyers sont très majoritairement propriétaires de leur habitation principale.

La fiscalité est là pour corriger cette situation. Mais sur les années étudiées, le taux réel d’imposition s’est alourdi pour les 50% les plus pauvres de même que pour les 9,9% les plus aisés. Pour les autres il a au contraire baissé. C’est le cas notamment des 0,1% les plus riches dont le taux moyen a été ramené de 29,3% à 25,7%.

Pour conclure
Que peut-on déduire de cette note du Ministère de l’économie et des finances ?
- Les revenus des très riches s’envolent
- Il y a enrichissement des riches et appauvrissement des pauvres
- Les inégalités se sont creusées en 20 ans
- Pour le patrimoine c’est le grand écart entre le « top 0,1% » et les autres



Avec un tel constat, la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, prévue dans le projet de budget, est bien la moindre des choses.
Quand on annonce dans la presse le même jour que 10 millions de français ont des problèmes pour terminer la fin du mois et que les entreprises du CAC 40 distribuent 98 milliards de dividendes au titre de l’exercice 2023, il y a de quoi s’interroger sur le respect de notre devise républicaine qui orne les frontons de nos mairies : Liberté, Égalité, Fraternité.

La réaction du français le plus riche de France qui s’indigne de l’augmentation des impôts sur les sociétés, est pour le moins indécente. Il préfèrerait sans doute que le coût de la crise budgétaire soit supporté par les plus pauvres ?

Comme le dit la directrice générale de l’ONG Oxfam France, dans une tribune dans le journal « Le Monde », la milliardocratie, c’est-à-dire le pouvoir des milliardaires, constitue la menace ultime contre la démocratie.
