Edgar Morin est sociologue et philosophe, directeur de recherche émérite au CNRS, docteur honoris causa de vingt universités à travers le monde. Ancien résistant et créateur du concept de « pensée complexe », il aura 103 ans en juillet. A l’occasion des élections législatives déclenchées par le président de la république, il vient de publier une tribune dans le journal le Nouvel Obs, afin de nous donner son analyse de la situation.
Une nouvelle configuration politique
Il estime que le président a pris des risques considérables avec la dissolution de l’assemblée nationale mais, paradoxalement, cela a suscité une sortie de léthargie, une revitalisation politique et une nouvelle configuration. En plein émiettement la gauche a pu constituer un Nouveau Front Populaire (NFP). A droite la crise des Républicains et de Reconquête a provoqué la polarisation autour du Rassemblement National (RN). Ces deux blocs écrasent le centre macronien.
Le RN issu du très antisémite Front National, dans sa nouvelle présentation, est devenu philosémite et pro-israélien. Sur l’Europe, le RN a évolué dans le sens de la modération en se déclarant respectueux des règles démocratiques. Il fait campagne sur le pouvoir d’achat mais reste ferme sur ses bases ultra-droitières : rejet de l’immigration et préférence nationale. Ses alliances européennes sont celles des pouvoirs autoritaires.
L’émiettement de la gauche a été surmonté dans le NFP mais essentiellement sur un « contre » (le RN et le macronisme) et non sur un « pour ». L’absence d’une pensée novatrice pèse sur l’avenir de la gauche. Il s’agit de « bâtir une nouvelle conception du monde, de l’homme, de l’histoire, qui viendrait renouveler celle de Karl Marx et combler un vide. Ce travail doit s’accompagner d’un renouveau générationnel et d’une réelle équité homme-femme permettant une réelle féminisation de la politique ». L’auteur de cette tribune dit attendre « la formulation d’une voie nouvelle qui lierait indissolublement réforme économique, réforme de l’État et réforme écologique. » C’est pour lui la condition indispensable pour que la gauche devienne un parti de gouvernement et de transformation. Néanmoins, malgré ses carences et ses fragilités, le NFP a sa sympathie critique et son soutien pour l’importance qu’il attribue à la lutte contre les inégalités et la reprise de l’initiative écologique.
Combattre l’antisémitisme
La guerre à Gaza a suscité un anti-israélisme accompagné d’un confusionnisme généralisé. La dénonciation du carnage de Gaza et du colonialisme israélien ne doit pas être considéré comme de l’antisémitisme. La critique d’Israél par le NFP n’est pas la négation de l’existence d’Israél et de son peuple. « L’oppression des Palestiniens sert aussi de prétexte à un nouvel antisémitisme qui doit être combattu. »
Le stupéfiant projudaïsme du RN, héritier du Front National (FN), ne peut que laisser sceptique même s’il a convaincu Serge Klarsfeld le chasseur de nazis. Il faut rappeler que le RN démocrate camoufle un FN autocrate. Il affiche sa proximité avec les régimes autoritaires et seul l’opportunisme lui a fait prendre ses distances avec le régime de Poutine.
Esprit de Résistance
La crise française de la démocratie fait partie d’une crise mondiale qui a généré divers régimes néo-autoritaires. Pour faire obstacle au RN il faut avoir un grand dessein d’où la nécessité d’une nouvelle pensée fondatrice, d’une nouvelle voie d’avenir, économique, sociale, écologique et d’une politique de réforme de l’État.
L’hégémonie mondiale du profit a provoqué la crise écologique planétaire. La guerre en Ukraine, la guerre israélienne, les potentiels conflits en Corée et à Taïwan font peser la menace d’une troisième guerre mondiale. Les périls intérieurs ne doivent pas nous rendre aveugles sur les périls extérieurs. Gardons notre lucidité face aux propagandes et hystéries collectives. « L’esprit de résistance nécessite la résistance de l’esprit ».
Je crois avoir été fidèle à l’analyse d’Edgar Morin que je trouve très pertinente en cette période d’inquiétude pour ne pas dire d’angoisse. Cette tribune est en accès libre sur le site du journal, je vous en ai livré l’essentiel pour vous donner envie de la lire intégralement. Bien s’informer c’est le début de la résistance.
En réfléchissant à cet article j’ai longtemps hésité sur le titre, plus précisément sur l’utilisation du mot ambiguïté ou du mot dissimulation. J’ai finalement décidé de les cumuler. Mon objectif est de parler d’un parti qualifié d’extrême droite par la majorité de la classe politique mais qui s’en défend.
L’habit ne fait pas le moine
Depuis plusieurs années la direction de ce parti a mis tout en œuvre pour démontrer sa normalisation. Sa volonté est d’être un parti comme les autres, respectueux de l’ordre républicain et se qualifiant d’être ni de gauche ni de droite, slogan qui a tant profité à l’actuel Président de la République. Les dernières élections législatives de 2022 ont permis à ce parti d’être représenté par un groupe de presque une centaine de députés. Ce groupe s’est appliqué à avoir une présence remarquable de modération dans le comportement verbal et vestimentaire.
Mais, comme le dit le vieux dicton populaire, l’habit ne fait pas le moine. Comme le défend l’éditorial du journal « Le Monde » du 23 et 24 juin 2024, « Aucune des manœuvres destinées à « dédiaboliser » ce parti ne peut faire oublier les racines antisémites et les obsessions raciales d’une mouvance dont le prétendu philosémitisme n’est que le paravent de la haine envers les musulmans. » Le point central du programme de ce parti est la xénophobie au travers de « la priorité nationale » qui contrevient au principe constitutionnel d’égalité de notre république et à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Un évènement significatif
Lors de l’émission « envoyé spécial » un couple blanc, sympathisants de ce parti, a un comportement agressif à l’encontre de leur voisine, une aide-soignante noire. « Te voilà encore toi ? on t’a invitée ? non ! Tu dégages ! j’ai quitté les HLM à cause de gens comme toi » vocifère la femme. « On fait ce qu’on veut, va à la niche ! » La candidate à sa réélection dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, ancienne présidente de ce parti et ancienne candidate à la présidence de la République, interrogée par « La Voix du Nord » estime que ce ne sont pas des propos racistes mais un simple conflit de voisinage. « La question est de savoir si “va dans ta niche” n’est pas une expression populaire de gens qui se détestent », « Est-ce que c’est raciste ? Moi-même, je peux le dire à l’égard de mes amis ! C’est vous qui tirez la conclusion que c’est raciste du fait de la couleur de peau de la victime. Ça, c’est scandaleux ! répond l’ancienne présidente du parti et met en cause une émission ultra politisée à l’extrême gauche. Si ce parti devait arriver au pouvoir, il est fort à craindre que ces comportements agressifs et racistes se multiplieront avec la certitude de ne pas faire l’objet de poursuite judiciaire. Faut-il rappeler que le racisme est un délit dans notre société civilisée ?
La politique et le droit
Ce parti met en cause l’état de droit en contestant les organes qui le garantissent comme le conseil constitutionnel, le conseil d’état, et l’indépendance de la justice en conspuant le gouvernement des juges. Il pense que la volonté de la majorité peut s’exonérer des grands principes de droit de la constitution et des droits de l’homme. Il s’attaque à la liberté de la presse et propose de privatiser l’audio-visuel public seul garant d’une information pluraliste et indépendante des grands groupes financiers qui contrôlent l’essentiel de la presse et de la télévision. S’il accède au pouvoir il fera supprimer le droit du sol. Il détruira ainsi un principe installé dans notre droit français depuis 1515. Même le gouvernement de Vichy n’avait pas voulu le remettre en cause. Son fond de commerce est l’immigration. Pour ce parti il suffit de bloquer l’entrée des migrants et mettre dehors tous les étrangers qui sont sur notre territoire pour régler tous les problèmes d’emploi et de sécurité. Si c’était si simple il y a bien longtemps que cela serait réglé en France mais aussi dans les pays voisins.
Qui sont ses alliés ?
Autre dicton populaire, « dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es ». Qui sont au niveau européen les mouvances que côtoie ce parti ? Observez ses alliances en Europe et dans le monde. Il se retrouve toujours avec les partisans d’un pouvoir autoritaire, de l’illibéralisme et même de nostalgiques du fascisme. Il fait preuve de complaisance avec les régimes autoritaires à commencer par la Russie poutinienne. Ce parti est un adepte du pouvoir autoritaire et comme tous ses homologues, une fois en place, il sera quasi impossible de le déloger démocratiquement. Après avoir prôné la sortie de l’Union Européenne et le départ du commandement intégré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), vu l’expérience désastreuse du Brexit et la menace que fait peser la Russie sur la paix en Europe, ce parti a fait apparemment marche arrière. Mais cela ne l’empêche pas de prévoir des mesures contraires aux engagements de la France en Europe et de cultiver l’ambiguïté dans la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine.
Des investitures qui contredisent sa normalisation
Enfin nombre d’investitures de ce parti à l’occasion des prochaines élections législatives contredisent sa normalisation. Nous pouvons trouver parmi ces candidats des gens qui s’intéressent de près à la France de Vichy, des coutumiers de l’usage de slogans antisémites, des amateurs de blagues racistes, de nombreux soutiens du Kremlin, des adeptes de théories du complot, des climatosceptiques, des militants ayant un passé au sein de groupes violents et identitaires, etc… Pour plus de détails il suffit de se reporter à la presse quotidienne de tout bord politique.
Un parti attrape tout
Ce parti d’extrême droite, à tout le moins populiste et souverainiste de droite radicale, proche des régimes illibéraux en Europe, dirigé par un clan familial depuis des décennies, est un parti attrape tout. Il fait des promesses tout azimut même si elles sont irréalisables et parfois contradictoires les unes par rapport aux autres. Avec un mouvement de va et vient où chaque jour de la campagne électorale voit des mesures adoptées ou retirées, modifiées ou reportées. L’important est d’attirer ses supposées clientèles électorales. Il a beau se déclarer prêt à gouverner, il est difficile de voir dans quelle direction tant à court terme qu’à long terme. Plus l’échéance électorale se rapproche plus les hésitations se multiplient. Sans parler des thèmes absents du programme de ce parti : le défi climatique et le recul de la biodiversité, le défi économique et social avec le développement des inégalités et l’hégémonie culturelle du néolibéralisme, le défi technologique avec la nécessité de mettre les technologies au service de l’humanité, le défi politique avec le retour de l’arme nucléaire, la souveraineté stratégique de l’Europe et la nécessité d’une gouvernance mondiale pour éviter le chaos géopolitique. Comment ne pas voir que dans le bouleversement du monde qui est en cours, l’isolement de la France sans l’Europe face aux puissances constituées par les États Unis et La Chine ne peut que nous affaiblir pour résister à leurs hégémonies.
Refuser de bouleverser l’équilibre démocratique
Nous vivons dans un pays démocratique quels que soient ses imperfections. Nous avons la chance de pouvoir donner notre avis sur la direction que doit prendre notre pays pour les cinq prochaines années, ce que beaucoup de pays nous envient. Même si le vote ne suffit pas à garantir la démocratie, il en est une composante indispensable. Ardent défenseur des droits humains, humaniste et universaliste, républicain et démocrate, partisan d’une république démocratique, fraternelle, sociale, laïque et solidaire, convaincu que l’égalité de toutes les femmes et tous les hommes reste un objectif fondamental de l’humanité, je vous invite à voter en conscience et ne pas contribuer par votre vote à porter au pouvoir un parti qui va bouleverser l’équilibre démocratique de notre pays et détruire les principes sur lesquels se fonde notre République.
A la veille des élections européennes les sondages prévoient une très forte abstention qui avoisine les 50%. Même si institutionnellement cela ne remet pas en cause la légitimité des élus, cela ne peut manquer d’inquiéter les démocrates.
Vote et démocratie
Quelle que soit l’élection, quand on sait combien de personnes ont risqué leur vie pour avoir le droit de voter et donner leur avis sur l’organisation de la société, il est indispensable de faire l’effort de se déplacer et d’aller participer à l’élection. C’est ce qu’on appelle faire son devoir de citoyen. En effet c’est un devoir par respect pour tous ceux qui nous ont précédés et qui se sont battus pour ce droit. Le vote est indissociable de la démocratie. L’organisation régulière d’élections est une condition nécessaire pour que l’on puisse parler de démocratie. Cette condition est nécessaire mais, certes, elle n’est pas suffisante. Il existe nombre de pays où le vote se déroule après que les opposants sont empêchés de se présenter au suffrage. Parfois le vote lui-même est entaché de fraudes avec le bourrage d’urnes et le non contrôle des listes électorales ou autre. Il est difficile, dans le cadre de cet article, de citer tous les vices de forme possibles, la liste serait trop longue.
Pour que le vote contribue au développement de la démocratie, il faut aussi qu’il soit universel, ouvert à tous les citoyens, homme ou femme, ayant atteint l’âge de raison, fixé en général à la majorité légale. Il faut qu’il soit transparent et que chacun soit informé et conscient des enjeux. Cela passe donc par l’organisation de cette information de la manière la plus objective possible et accessible à tous. L’organisation de débats contradictoires permettant la confrontation des différentes propositions est aussi essentiel à la réalité de cet exercice démocratique.
L’organisation d’élections périodiques aux différents niveaux de la structuration politique de la société (communes, départements, régions, parlement, etc…) doit être complétée par la liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté politique, la liberté d’entreprendre, la liberté syndicale, la liberté d’association, l’égalité des droits et des devoirs, l’existence de contre-pouvoirs.
Le plein exercice de la démocratie exige aussi la séparation des pouvoirs, entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Le respect de ces principes est indispensable à la démocratie mais tout ne se trouve pas réglé pour autant puisqu’il existe une infinité de variations dans la concrétisation de ces principes. C’est le débat démocratique qui permet de trancher entre ces différentes possibilités.
Les enjeux des prochaines élections européennes
Nous sommes à la veille d’élections européennes que tous les candidats s’accordent à dire que ce sont probablement les plus importantes depuis la création de l’Union Européenne à la lumière des défis auxquels elle se trouve confrontée. Il est donc doublement important d’aller voter. Ce qui doit nous intéresser comme citoyens européens c’est ce que proposent les candidats pour faire face aux défis européens que nous devons affronter pour les cinq prochaines années. Ces défis sont européens dans un monde instable et en plein bouleversement et non pas nationaux, même si les choses ne sont pas indépendantes. Je veux simplement dire qu’il ne faut pas se tromper de cible. Il ne s’agit pas d’infliger une défaite à l’exécutif national mais de donner son avis sur les défis auxquels l’Union Européenne devra faire face. Ces défis sont d’ordre climatique, économique, politique, et technologique
Le défi climatique
La biosphère est un vaste système complexe autorégulé et autoreproducteur de régulations interdépendantes, dans la reproduction duquel la vie, et par conséquent l’espèce humaine, joue un rôle primordial. La biodiversité est compromise.
Les effets du changement climatique sont incontestables. La crise environnementale, la crise du développement, et la crise de l’énergie ne font qu’un. Cette crise n’inclut pas seulement le changement climatique, le recul de la biodiversité mais aussi d’autres problèmes liés à la croissance de la population mondiale.
Il est impératif de respecter l’Accord de Paris sur le climat et de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 2°C. Quels que soient les chiffres ou les courbes que l’on regarde les indicateurs sont tous au rouge. Mai 2024 est le mois le plus chaud jamais enregistré à l’échelle mondiale depuis le début des relevés.
Le dérèglement climatique est causé par la hausse continue des émissions de gaz à effet de serre liées à la combustion d’énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz. Les prévisions publiées par l’Organisation météorologique mondiale confirment qu’il est probable que la température moyenne annuelle du globe franchisse le seuil de 1,5°C de réchauffement.
La rupture de l’équilibre entre la planète et les humains qui l’habitent fait ressortir notre immense responsabilité mais crée aussi l’opportunité de redéfinir notre rapport à la terre.
Le défi économique et social
Les inégalités culminent à des niveaux historiquement élevés. En moyenne les 10% des adultes les plus riches de la planète captent 52% des revenus mondiaux, lorsque 50% des plus pauvres s’en partagent 8,5%. Les disparités de patrimoine sont plus fortes que celles de revenus. La moitié la plus pauvre de la population mondiale ne possède que 2% de la richesse des ménages tandis que les 10% les plus aisés en détiennent 76%.
Les politiques néolibérales sont devenues culturellement dominantes et ont bouleversé le panorama des inégalités. La promesse néolibérale de dynamisation de la croissance par la baisse de la fiscalité des plus riches n’a pas marché. La théorie du ruissellement n’a pas généré la prospérité pour tous. Le recul des politiques de redistribution par la fiscalité a eu pour conséquence d’augmenter les écarts de revenus et de patrimoine au bénéfice des plus riches par rapport aux catégories sociales moyennes sans pour autant sortir du marasme les catégories les plus défavorisées.
Sans un rééquilibrage des taux de croissance du capital et du travail et sans une politique volontariste de redistribution par la fiscalité et les prestations sociales, les inégalités ne pourront que continuer à se développer. L’objectif premier de toute société démocratique est d’améliorer le sort de tous. Si les pouvoirs publics continuent de laisser le 1% de la population s’accaparer l’essentiel des richesses et mettre à contribution les classes moyennes et populaires, il laisse se développer une désespérance qui ne peut que nuire à la démocratie.
Le défi politique
L’affrontement monde capitaliste contre monde socialiste disparait progressivement et laisse la place à l’affrontement entre démocraties et autocraties. Les dirigeants chinois et russes ne cachent pas leur mépris du système démocratique qui est faible et incapable d’assumer des risques importants. Ils louent ensemble l’efficacité de leur système autocratique.
L’utilisation de l’arme nucléaire est aujourd’hui brandie comme possible. Depuis le début de l’offensive en Ukraine, le Président russe agite la menace nucléaire. Il a averti les pays qui s’opposeraient à son intervention qu’ils s’exposeraient à des conséquences « comme ils n’en ont jamais vu ».
L’Union Européenne doit prendre conscience qu’elle doit d’abord compter sur elle-même pour sa défense devant les orientations futures de la puissance américaine en direction de l’Asie. La guerre en Ukraine aide à cette prise de conscience qu’il n’est plus possible devant ce nouvel ordre du monde, s’il ne l’a jamais été, d’être uniquement dépendant des Américains. Les chars russes en Ukraine et une agression à ses frontières par une puissance nucléaire ont réveillé l’Union Européenne.
Après la crise sanitaire et maintenant la guerre à ses portes qui ont mis en évidence les faiblesses de l’UE et ses dépendances stratégiques, la souveraineté européenne et son autonomie stratégique sont une priorité incontournable.
L’envergure mondiale des différentes crises auxquelles nous sommes confrontées rend nécessaire, même si cela apparait complètement utopique, au moins une concertation de l’ensemble des pays de la planète. La réforme en profondeur du seul embryon de gouvernance mondiale existant aujourd’hui, l’ONU, semble indispensable. Il reste la seule institution légitime malgré ses faiblesses pour établir un véritable dialogue et affronter les problèmes qui se posent au monde dans un cadre universel démocratique et rénové.
Le défi technologique
La confiance aveugle envers les sciences et les techniques est une erreur, la défiance systématique en est une autre. Ce n’est pas la technique qui est en soit bénéfique ou maléfique, mais les usages qu’on choisit d’en faire. Nous devons rester vigilants quant aux possibles dérives, aux possibles mauvais usages des découvertes scientifiques. Aidons le plus grand nombre à comprendre, à avoir accès aux connaissances, pour que chacun ait les moyens d’un jugement approprié.
L’idée que l’humain peut détruire le monde terrestre et ainsi se détruire lui-même émerge et pose le problème des limites de l’activité humaine et de sa responsabilité vis-à-vis de la nature. L’humain est une partie d’un tout qui a la particularité d’être responsable de la conservation de ce tout. Nous devons prendre conscience de nos limites et développer un humanisme différent, un humanisme de la diversité. Plus que jamais l’homme a besoin des principes éthiques des Lumières pour mettre les sciences et les technologies au service de l’humanité et non l’inverse.
Pour conclure
Il est souvent reproché aux hommes politiques leur vision à court terme. Comme électeurs européens veillons à orienter notre vote en déterminant comment les différents candidats comptent faire face à ces grands défis que nous venons d’énumérer et quel type de société ils comptent mettre en œuvre. Ce sont les réponses à ces défis et les grands choix sociétaux qui en découlent qui détermineront l’évolution de notre avenir.