Le proche orient s’enflamme
Si l’on est attaché à l’humanisme et à l’universalisme comment ne pas condamner sans réserve les attentats criminels et barbares perpétrés par les miliciens du Hamas. Pour les mêmes raisons il est impossible d’être insensible au sort des civils dans la bande de Gaza suite à l’offensive de l’armée israélienne. Les bombardements ne font pas la distinction entre les innocents et les coupables des massacres. La prise d’otages est une violation grave des conventions de Genève, de même que le fait d’empêcher que l’aide humanitaire puisse parvenir sans entrave aux victimes civiles.
Ce conflit au Proche Orient ne cesse de rebondir depuis près de cent ans sans qu’aucune solution n’y soit apportée. L’objet de cet article n’est pas d’en faire une analyse complète. C’est une situation où s’entrecroisent divers facteurs qui la rendent d’une grande complexité. C’est ce qui permet à tous les partisans, de part et d’autre, de multiplier les jugements et les solutions inapplicables du genre que les juifs retournent d’où ils viennent, ou que les palestiniens s’intègrent dans les pays arabes voisins.
Les initiatives diplomatiques visant à la libération de tous les otages et une désescalade rapide des combats et protectrice des vies humaines doivent être encouragées. L’arrêt des combats ne suffira pas à amener une paix juste et durable dans cette région. Ce conflit ne se règlera pas par la guerre. Tant que chacune des parties sera principalement dirigée par des fanatiques religieux qu’ils soient islamiques ou messianiques, la guerre sera éternelle.
Quand un conflit est de nature territoriale ou politique les opposants finissent par trouver un compromis pour mettre fin à une situation instable et incertaine pour les parties. Même si c’est difficile, le dialogue et le respect de l’autre peuvent permettre de mettre fin de manière durable aux hostilités. Mais un conflit de nature religieuse, où le fanatisme domine la raison, où chacune des parties nie les droits et même l’existence de l’autre, ne peut trouver une fin que dans la disparition de l’autre ou au moins sa totale et définitive soumission.
Les parties au conflit
Le Hamas est une organisation islamiste palestinienne, branche des Frères musulmans. Ses objectifs sont la création d’un État théocratique Islamique sur les territoires de l’ancienne Palestine mandataire, la lutte contre les impérialismes sioniste et occidental, l’annihilation de l’État d’Israël et le refus de toute négociation. Il mènera le Jihad contre Israël jusqu’à sa destruction et affiche son antisémitisme. Plusieurs dirigeants du Hamas n’hésitent pas à déclarer sur les chaînes de télévision leur volonté de tuer tous les juifs en Palestine jusqu’au dernier.
Ce qu’on appelle les Accords d’Oslo en 1991 sont le résultat de négociations qui ont posé les premiers jalons d’une résolution du conflit israélo-palestinien. Les objectifs des deux parties étaient d’établir une autorité palestinienne intérimaire autonome pour la Cisjordanie et la bande de Gaza pour une période n’excédant pas cinq ans en vue d’un règlement permanent fondé sur les résolutions de l’ONU. L’accord intérimaire est signé à Washington le 28 septembre 1995 prévoit les premières élections palestiniennes et le découpage des territoires palestiniens. Cet accord, signé par Yitzhac Rabin et Yasser Arafat, met en place l’Autorité Palestinienne au sein de laquelle l’OLP (organisation de libération de la Palestine) est majoritaire. Cette tentative de processus de paix sera mise en difficulté à la suite du durcissement des positions de part et d’autre sur le statut de Jérusalem, le problème du retour des réfugiés palestiniens et la lutte contre le terrorisme. Après l’assassinat d’Yitzhac Rabin, premier ministre israélien, en 1995 par un étudiant israélien d’extrême droite et la multiplication des attentats menés par le Hamas et le Jihad Islamique, entre 1996 et 1999, le processus d’Oslo ne pourra plus être relancé.
Le premier ministre, Benyamin Netanyahou, principal dirigeant israélien depuis plus de 20 ans, n’a jamais caché son opposition aux accords d’Oslo. Il avait même traité Rabin de traitre. Pour se maintenir au pouvoir ces dernières années, il dirige un gouvernement avec l’appui de l’extrême droite qui pousse à l’implantation d’israéliens en Cisjordanie. Ce territoire est complètement parsemé de zones occupées par des colons israéliens qui sont de plus en plus agressifs vis à vis des palestiniens et auteurs d’expéditions punitives sous la protection de l’armée israélienne. Le gouvernement Israélien a favorisé le Hamas, rival politique de l’OLP et a considérablement affaibli l’Autorité Palestinienne. Le ministre de la défense israélien lors d’une intervention télévisée qualifie la Cisjordanie de « terre de Judée-Samarie, terre qui a été donnée par Dieu au peuple juif. » Ces implantations en Cisjordanie sont inacceptables et sont destinées à favoriser l’annexion de nouvelles terres qui ont été attribuées aux palestiniens dans les accords antérieurs. Au-delà de la guerre de représailles à Gaza par le gouvernement israélien, cette vision messianique de l’État d’Israël n’est pas pour faciliter la coexistence de deux peuples sur une même terre.
La recherche de la Paix
Après les massacres odieux d’israéliens par des miliciens du Hamas le 7 octobre et en réponse, les représailles inévitables de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, retrouver le chemin du dialogue va être très difficile, tant pour les palestiniens que pour les israéliens. Les ressentiments, au sein des deux parties, sont exacerbés. Et pourtant si une issue politique n’est pas échafaudée dans le respect des deux parties, après quelques mois ou années d’accalmie la guerre reprendra en un ou plusieurs épisodes jusqu’à l’élimination définitive de l’autre.
Dans le passé les représentants des deux peuples ont pu se réunir pour trouver une solution de paix. Demain il faudra construire les conditions d’une paix juste et durable acceptable pour les deux parties avec des garanties de sécurité dans le temps long.
Ce conflit montre combien le principe de laïcité est fondamental. C’est un principe fondé sur une exigence de raison à savoir l’égalité en droit de tous les êtres humains, la liberté de conscience qui ne peut se réduire à la seule liberté religieuse et le primat du bien commun à tous. Les dogmes et les croyances religieuses ne doivent pas interférer dans l’organisation politique de la société. Il n’y a pas de fatalité à ce que les plus intolérants, les moins enclins au dialogue, les plus fanatiques, imposent leurs options.
Les humanistes universalistes attachés à l’unité du genre humain et à l’égalité des droits doivent affirmer ces principes face aux promoteurs de haine, de violence et d’obscurantisme qui sévissent tant au Proche Orient que dans notre propre pays.