Chaque année, au début du mois de décembre, tous ceux qui sont attachés aux principes fondamentaux de la République résumés dans le triptyque républicain, Liberté, Égalité, Fraternité, que l’on peut lire sur les frontons des édifices publics, ont à cœur de fêter la Laïcité le jour anniversaire du vote de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Mais pourquoi est-il important de fêter la Laïcité ?
La Laïcité malmenée
Nous pouvons constater que la Laïcité a été malmenée depuis quelques décennies. Paradoxalement c’est dans une période caractérisée par une majorité croissante de non croyants que nous assistons à un retour de la question religieuse dans tous les domaines de la vie sociale et civile. Les fondamentalistes de tout poil prétendent imposer leur vérité à l’ensemble de la société.
Aux sources de la Laïcité
Au XVIIIème siècle, siècle des Lumières, les philosophes, dans le prolongement des idées héritées de la Renaissance, ont combattu l’obscurantisme, la superstition et l’irrationnel des siècles passés. Ils ont renouvelé les connaissances et l’éthique de leur temps.
La Déclaration universelle des Droits de l’homme adoptée par l’ONU en 1948 indique que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Elle définit la Liberté comme ce qui consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Elle garantit l’expression du pluralisme des opinions et donc la liberté de conscience.
La loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État est un des actes fondateurs de la sécularisation de l’État.
L’article 1 de la constitution de 1958 spécifie que » La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. «
La Laïcité est un principe général consubstantiel à la République qui ne se réduit pas seulement au rapport de l’État et des Églises. Elle est avant tout une construction juridique fondée sur une exigence de la raison : l’égalité en droit de tous les êtres humains. Le principe de Laïcité est la convergence d’une évolution législative de plusieurs siècles aboutissant à la séparation des Églises et de l’État et une pensée philosophique humaniste universelle assurant à chacun la liberté de conscience et le primat de l’intérêt général, du bien commun à tous.
Une règle de vie en société démocratique.
La Laïcité impose que soient donnés aux hommes, sans distinction de classe, d’origine, de confession, les moyens d’être eux-mêmes, libres de leurs engagements, responsables de leur épanouissement et maîtres de leur destin.
Un idéal d’émancipation.
La laïcité est un idéal qui permet à tous, croyants et athées, de vivre ensemble sans que les uns ou les autres soient stigmatisés en raison de leurs convictions particulières. L’État laïque incarne la promotion simultanée de la liberté de conscience et de l’égalité, de la culture émancipatrice et du choix sans entrave de l’éthique de vie personnelle.
L’école laïque
L’école laïque a pour tâche de réaliser cette émancipation.Elle doit tenir à distance la société civile et ses fausses urgences. La laïcité à l’école c’est le fait de refuser aux puissances de conditionnement d’entrer dans les classes, d’offrir à chaque esprit la chance de penser sans tutelle, sans emprises. L’acquisition de savoirs et l’élévation culturelle sont les instruments d’une émancipation individuelle et collective. L’émancipation par l’instruction doit être à la portée de tous c’est-à-dire gratuite, obligatoire, laïque, et la puissance publique doit en assurer la promotion partout et pour tous. L’école laïque fournit à la liberté de conscience le pouvoir de juger qui lui donne sa force.
L’enseignement public doit être affranchi de tout prosélytisme religieux ou idéologique. C’est en vertu de ce principe qu’il est inconcevable d’apposer sur le mur de la classe une croix, un croissant ou une étoile de David symbole d’une religion. C’est aussi la raison de l’interdiction du voile et de tout signe ostentatoire d’appartenance religieuse à l’école.
L’école est un moyen de transmission du savoir mais c’est aussi le moyen de fabriquer une communauté nationale de citoyens.
La liberté de conscience
L’humanisme laïque repose sur le principe de la liberté de conscience. Liberté de l’esprit c’est à dire émancipation à l’égard de tous les dogmes ; droit de croire ou de ne pas croire en Dieu ; autonomie de la pensée vis-à-vis des contraintes religieuses, politiques, économiques ; affranchissement des modes de vie par rapport aux tabous, aux idées dominantes et aux règles dogmatiques.
La laïcité vise à libérer l’enfant et l’adulte de tout ce qui aliène ou pervertit la pensée, notamment les croyances ataviques, les préjugés, les idées préconçues, les dogmes, les idéologies opprimantes, les pressions d’ordre culturel, économique, social, politique ou religieux.
La laïcité vise à développer en l’être humain, dans le cadre d’une formation intellectuelle, morale et civique permanente, l’esprit critique ainsi que le sens de la solidarité et de la fraternité.
La laïcité vise dans ce contexte à donner les moyens à l’être humain d’acquérir une totale lucidité et une pleine responsabilité de ses pensées et de ses actes.
La liberté d’expression est le corollaire de la liberté de conscience. Elle est le droit et la possibilité matérielle de dire, d’écrire et de diffuser la pensée individuelle ou collective.
Refus du racisme et de la ségrégation
Le refus du racisme et de la ségrégation sous toutes ses formes est inséparable de l’idéal laïque. La société ne peut pas être la simple juxtaposition de communautés qui, au mieux s’ignorent, au pire s’exterminent.
L’éthique laïque mène inévitablement à la justice sociale : égalité des droits et égalité des chances. L’éducation laïque, l’école, le droit à l’information, l’apprentissage de la critique sont les conditions de cette égalité.
Séparation des Églises et de l’État
La séparation des Églises et de l’État est la pierre angulaire de la laïcisation de la société. Elle ne saurait souffrir ni exception, ni modulation, ni aménagement. Cette séparation est la condition de son existence. Elle est la seule façon de permettre à chacun de croire ou de ne pas croire en libérant les églises elles-mêmes des logiques de liaisons conventionnelles avec l’État. Si les églises veulent exister, que les fidèles leur en fournissent les moyens, la religion étant affaire de conviction personnelle.
Si l’État garantit la totale liberté des cultes comme de l’expression et de la diffusion de la pensée, il n’en favorise aucun, ni aucune communauté, pas plus financièrement que politiquement. La loi républicaine ne saurait par conséquent reconnaître le délit de blasphème ou de sacrilège qui déboucherait inévitablement sur l’institutionnalisation de la censure. La première manifestation du caractère laïque d’un pays est l’indépendance de l’État et de tous les services publics vis-à-vis des institutions ou influences religieuses.
Une idée de progrès
La Laïcité n’est pas une notion passéiste mais au contraire une idée de progrès. Elle est action et volonté. Elle implique la plénitude de l’égalité de traitement, par la République, des athées et des croyants. Cette égalité est la condition d’une véritable fraternité, dans la référence au bien commun. Laïque signifie indépendant de la religion. La Laïcité implique l’égalité des droits sans distinction de convictions personnelles. Laïque ne s’oppose pas à religieux mais à clérical. L’esprit clérical, c’est la prétention des clercs à dominer au nom d’une religion. La Laïcité ne se confond pas avec l’athéisme et ne se réduit pas au combat anticlérical.
Admettre que chacun puisse à titre individuel ne pas croire ou pratiquer le culte de son choix sans que la société n’en impose aucun est un principe qui consiste à laisser chacun libre de ses choix selon ses propres règles morales avec pour seule limite de ne pas nuire à autrui sans subir celles que lui imposerait la religion ou n’importe quelle idéologie totalitaire d’État.
L’humanisme laïque est le ciment qui donne toute sa force et sa plénitude à la devise républicaine.
Voilà pourquoi il me parait essentiel de célébrer chaque année, le 9 décembre, la Fête de la Laïcité en rappelant sans cesse qu’elle est une idée de progrès qui complète la devise républicaine, qui implique liberté de conscience sans limite, ouverture, bienveillance, respect des autres, primat de l’intérêt général sur l’intérêt particulier, respect de la loi commune, neutralité de l’État et des services publics, neutralité qui a pour objectif l’égalité des citoyens et leur rassemblement par-delà leurs différences, universalisme dans le respect de la diversité plutôt que différencialisme et enfin émancipation à l’égard de tous les dogmes.
Nos adversaires nous accusent de promouvoir l’athéisme, ce qui, comme tu l’as bien expliqué est faux.
La religion doit rester dans le domaine privé.
De nombreuses municipalités ferment les yeux sur les associations culturelles qui fleurissent dans leurs communes et qui ne sont que des associations cultuelles déguisées. Un exemple est encore signalé dans la presse ce matin à Grande Synthe.
C’est de l’électoralisme évident et de la paix sociale achetée bon marché en théorie. En pratique, c’est accepter une invasion sournoise de la religion dans la sphère publique.
Quand verrons nous la fin de la situation en Alsace-Moselle ?
Quand la fin de vie ne sera t elle plus régie par les lobbys religieux de tous poils ?
Nous devons fêter le 9/12 régulièrement et avec enthousiasme.