Où va le monde ?

Quand j’ai muri l’idée de créer ce blog, bien avant que la pandémie ne se déclare, la question du changement de monde me paraissait une évidence tant les difficultés s’accumulaient et les inégalités s’aggravaient. D’où le nom de ce blog citoyen : « changer de monde ». Ma cessation d’activité professionnelle me permettant de disposer d’un peu de temps, en toute humilité et sans aucune prétention, je me suis dit pourquoi ne pas en profiter pour y réfléchir et échanger avec d’autres sur différents thèmes concernant ce changement. Je ne pouvais me douter qu’un virus s’attaquant à l’ensemble de l’humanité viendrait renforcer cette nécessité de changer de monde.

La pandémie

L’épidémie de Covid 19 a commencé au début du mois de décembre 2019 en Chine. La Covid 19 s’est progressivement étendue à l’Asie, le Moyen Orient, l’Europe, les Amériques, l’Afrique. C’est devenu un évènement planétaire. La quasi-totalité des pays est touchée. Le virus à l’origine de cette pandémie est contagieux et parfois mortel. A ce jour nous comptons dans le monde plus de 100 millions de cas et plus de 2 millions de morts.

Au début les médecins n’ont pas de traitement pour soigner cette maladie. Ils recommandent la vigilance, la protection et le confinement associé à des mesures de distanciation physique et d’hygiène. Les mesures de confinement sont le seul moyen efficace de lutter contre la propagation de l’épidémie. Ces mesures permettent d’éviter que le nombre de patients gravement atteints dépasse les capacités des hôpitaux à les prendre en charge.

Après huit mois de recherche plusieurs vaccins sont homologués ou en cours d’homologation. C’est une performance extraordinaire quand on sait que le délai habituel de mise au point de vaccin se compte en années. C’est aussi une avancée technologique notable. Parallèlement les progrès de l’immunothérapie ont permis de fabriquer de nouveaux traitements fondés sur des anticorps bloquant l’entrée du virus dans les cellules ce qui pourrait diviser par trois le risque d’hospitalisation. Ces thérapies sont encore à l’étude pour déterminer leur tolérance et leur efficacité avant d’être autorisées.

Pour l’instant tous les scientifiques s’accordent pour estimer que le seul moyen à notre disposition pour éradiquer la Covid 19 est de vacciner au plus vite et le plus massivement possible l’ensemble de la population en commençant par les plus vulnérables. Les fabricants des vaccins certifient qu’ils protègent aussi des virus variants qui sont apparus depuis quelques semaines. Encore faut-il que chaque pays puisse disposer de suffisamment de doses de vaccins et en capacité de développer la logistique adéquate pour réaliser cette vaccination. L’immunité collective ne sera atteinte que si 60 à 70% de la population est vaccinée.

Les trois vaccins autorisés par les autorités sanitaires occidentales sont actuellement fabriqués en quantité insuffisante. Les vaccins chinois et russe n’ont pas fait l’objet de demandes d’homologation. Nous assistons à une concurrence malsaine entre les pays pour s’accaparer le plus de doses. C’est une surenchère inacceptable alors que le vaccin devrait être considéré comme un bien commun. Les dix pays les plus grands (riches !) ont commandé 80% des doses.

Le vaccin seul moyen de protéger la population de la planète contre le coronavirus est devenu un instrument d’influence géostratégique au niveau mondial.

Croire qu’un pays ou un groupe de pays pourra se sauver seul de la pandémie est une illusion. Pour être efficace l’immunité collective doit être mondiale ou ne sera pas de manière durable.

Contraction de l’activité économique

La pandémie du coronavirus a entrainé la plus grave crise économique, financière et sociale du XXIème siècle a estimé le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de Développement économiques (OCDE). Les confinements en début d’année et à l’automne 2020 ont eu pour conséquence un fort ralentissement de l’activité économique.

Les restrictions sanitaires se traduisent en France pour l’année 2020, selon les chiffres publiés le 29 janvier, par une chute du Produit Intérieur Brut (PIB) de 8,3%. En un an, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A de Pôle emploi) a augmenté de 7,5 % sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris), d’après les données publiées mercredi 27 janvier par le ministère du travail. Les mesures de chômage partiel ont permis de limiter le nombre de pertes d’emploi.

Aux États Unis le recul du PIB sur cette année est estimé à 3,5% et les pertes d’emploi à 9 millions. Au niveau mondial la contraction de l’activité est évaluée par les experts autour de 5% ce qui est inférieur à ce que l’on pouvait craindre.

Le Fond Monétaire International, selon des estimations publiées le 26 janvier, prévoit une croissance mondiale de 5,5% en 2021. Il reste toutefois prudent en n’excluant pas que la mutation du coronavirus, le ralentissement des vaccinations par pénurie de doses ou une reprise prématurée de l’austérité budgétaire dans certains pays pourraient freiner la relance. Aux États-Unis, en Europe et au Royaume Uni des sommes considérables ont été injectée dans l’économie pour pallier aux conséquences de la crise sanitaire. A des degrés divers il en a été de même dans l’ensemble des pays, chacun en fonction de ses possibilités et de l’importance de l’épidémie. La doxa néo-libérale prônant l’austérité et la baisse des dépenses publiques a été oubliée. Des sommes tout aussi considérables se chiffrant en milliards vont être investies dans des plans de relance de l’économie. L’inter dépendance de l’ensemble des pays sur le plan économique nécessite, une fois la pandémie maîtrisée, une relance coordonnée au niveau international pour être pleinement efficace. Malheureusement chaque pays mène son action de manière dispersée, les intérêts particuliers de chaque nation primant sur les intérêts communs. Seule l’Europe tente de se coordonner et pas toujours avec succès.

Climat et biodiversité

Depuis quelques années la multiplication des évènements climatiques et la succession des rapports scientifiques sur l’évolution du monde nous alertent avec insistance sur l’avenir de la planète et donc de l’humanité. La Cop 21, qui s’est tenue en France en 2015, a pris une portée mondiale. Le projet d’accord final a été adopté à l’unanimité par les 175 pays participants. Le texte, non contraignant, a fixé l’objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, en visant la barre des 1,5°C. En décembre 2018 à Katowice en Pologne, les 196 pays participants sont parvenus à s’entendre sur les règles d’application de l’accord de Paris, conclu en 2015, permettant sa mise en œuvre effective en 2020. Mais la communauté internationale, en revanche, a échoué à s’engager sur une hausse des efforts collectifs dans la lutte contre le changement climatique, malgré les catastrophes qui se multiplient à travers le monde.

Selon le bilan annuel du Global Carbon Project (GCP) publié en décembre 2020, les émissions de CO2 d’origine fossile ont connu une baisse record en 2020, liée aux mesures de confinement prises contre l’épidémie. Cette baisse est estimée à 7%. C’est un répit temporaire et cela ne suffit pas pour réduire le réchauffement climatique et ses impacts, les émissions de CO2 se maintenant à des niveaux élevés. Pour atténuer le changement climatique il ne faut pas arrêter les activités économiques mais accélérer la transition vers des énergies bas carbone. Une fois la pandémie maîtrisée il faudra relancer l’économie sans ignorer l’urgence de la transition écologique et la préservation de la biodiversité.

Selon Christian de Perthuis, professeur à l’Université Dauphine, fondateur de la Chaire Économie du Climat, il y a trois enjeux majeurs à la crise climatique :

La transition énergétique doit être fortement accélérée. Elle nécessite une mobilisation à tous niveaux : international, européen, national, local et bien sûr, individuel. Il faut sortir de la dépendance à l’énergie fossile.

Il faut préserver la biodiversité pour atteindre la neutralité carbone en accroissant la capacité d’absorption du carbone grâce à la protection des océans, au développement des forêts et à la préservation des terres agricoles.

Même si l’on atteint la neutralité carbone le monde restera, pendant deux ou trois décennies, lancé sur la trajectoire d’un réchauffement climatique. Il faudra s’adapter à ce réchauffement et ses conséquences. Comme les pays les plus pauvres sont les plus exposés il faut anticiper et les aider à mieux s’y préparer.

Coopération et solidarité internationale

Quel que soit son aspect, sanitaire, économique ou climatique, la crise que nous vivons est mondiale. Aucun État ne peut prétendre répondre seul à tous les défis qui se présentent à tous. Seule une réponse coordonnée au niveau mondial permettrait de la surmonter globalement.

Sur le plan de la pandémie, tant que tous les pays n’auront pas atteint l’immunité collective personne ne sera à l’abri. La vitesse à laquelle se diffusent d’un pays à l’autre les variants du coronavirus malgré les confinements et la fermeture des frontières en est la preuve. Au mieux la circulation du virus est ralentie. Cette immunité ne peut être réalisée que si la population mondiale est vaccinée. Il faut donc considérer les vaccins comme un bien commun destiné à être accessible à tous. Encore faut-il être capable de les produire en quantité suffisantes. Tout doit être mis en œuvre pour produire de manière prioritaire et au plus vite les milliards de doses nécessaires. Face à cet enjeu les rivalités et la concurrence entre États sont indécentes. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), quelle que soit ses imperfections, doit être l’outil de cette coopération mondiale.

Sur le plan économique, une relance coordonnée sera nécessaire pour être efficace. L’économie mondialisée nécessite des mesures de régulation et de contrôle tout en assurant un développement durable équilibré et une réduction des inégalités inter étatiques comme intra étatiques. Le simple énoncé de cette nécessité en montre la difficulté. Raison de plus pour en faire un objectif permanent pour avoir une chance de l’atteindre un jour.

Il ne s’agit pas de reprendre après comme avant, comme si rien ne s’était passé. Il faut tirer les leçons de cette expérience et en premier lieu considérer comme prioritaires les secteurs de la santé car nous ne sommes pas à l’abri de prochaines pandémies.

Il est indispensable de sortir de l’économisme qui consiste à considérer que le développement économique est une fin en soi. L’économie doit être au service de la satisfaction des besoins humains réels et nous ne pouvons plus ignorer le fait que le développement des activités humaines a des conséquences sur l’avenir de la planète.

La relance économique aussi indispensable soit-elle ne doit pas nous faire oublier le changement climatique et la nécessité absolue de réduire les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la dégradation de la biodiversité.

La biosphère est un vaste système complexe autorégulé et autoreproducteur de régulations interdépendantes, dans la reproduction duquel la vie, et par conséquent l’espèce humaine, joue un rôle primordial. Le développement de la vie contribue à modifier ce système. L’existence de limites, en-deçà et au-delà desquelles la vie ne peut pas se développer, joue un rôle fondamental dans sa pérennité. La diversité des espèces est un facteur essentiel de sa pérennité.

Les rythmes d’exploitation de l’économie ne respectent pas les temps de cycles naturels, ils franchissent les limites des possibilités de reproduction des ressources renouvelables et des rythmes d’autorégulation des écosystèmes. L’espèce dominante sur la planète, les humains, compromet la reproduction du milieu qui la porte et dont la plasticité n’est pas infinie. Or les humains sont une espèce consciente, qui possède la faculté de penser sa position et de prévoir les conséquences de ses actes au sein de ce milieu. Il leur revient de tout mettre en œuvre pour préserver la planète.

Le respect de ces équilibres n’a de sens et d’efficacité qu’au niveau de l’ensemble de la planète. C’est le rôle des Conventions de Pays (COP) : organiser la coopération et la solidarité planétaire dans la lutte contre le changement climatique et ses conséquences. La COP26 se réunira à Glasgow en Ecosse en novembre 2021 si la pandémie est à cette date maîtrisée. Il faudra passer des recommandations sans contrainte aux engagements fermes sur une hausse des efforts collectifs dans la lutte contre le changement climatique. Il est temps que l’obligation d’agir pour la préservation de notre planète soit une priorité pour tous.

Janvier 2021

Auteur/autrice : Maurice

Retraité, diplômé en sciences économiques, j'ai été enseignant, chercheur en sciences sociales, syndicaliste, mutualiste militant, chef d'entreprise d’économie sociale. Depuis mes études je suis intéressé par l'épistémologie en sciences sociales et la pluridisciplinarité. J'ai créé ce blog pour m'exprimer et échanger avec ceux qui le souhaitent.

Une réflexion sur « Où va le monde ? »

  1. Tes propos sont à rapprocher du film de Yann Arthus Bertrand « Legacy ».
    Je crains de ne pouvoir être encore présent quand la prise de conscience sera collective.
    La pandémie est une alerte qui teste notre capacité d’adaptation. Pour l’instant c’est un échec total. Persévérance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.