Deux réflexions intéressantes

Tout d’abord, ce matin j’ai entendu à la radio un entretien avec Martin HIRSCH, directeur général de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP). Cette émission donnait la possibilité aux auditeurs d’intervenir et de poser des questions à l’invité. Une dame a interpellé monsieur HIRSCH sur la nécessité de sortir des dogmes libéraux sur la gestion des hôpitaux et des politiques d’austérité qui ont présidé à la gestion des services publics. Cela s’est traduit par la réduction des lits, du personnel, des stocks de produits et matériels médicaux. Nous pouvons en mesurer aujourd’hui les conséquences.

Le directeur de l’APHP a répondu qu’il était d’accord sur la sortie des dogmes, mais il faut que tout le monde sorte des dogmes sinon cela ne fonctionne pas. Aujourd’hui dans les hôpitaux personne n’est resté sur des dogmes. Tous ceux qui ont vécu de très près cette épidémie, sont immunisés contre les dogmes. Nous avons été tellement confrontés à des difficultés que personne n’a envie de revenir en arrière. Il a déclaré partager aussi les interrogations sur le fait que l’Europe et la France soient dépendants de la fabrication de choses aussi simples que des masques, des sur blouses… Il faudra que les services publics, la finance et l’industrie soient capables en économie de crise de s’adapter, d’être indépendants et être au service de tous. C’est une leçon majeure de la crise.

En clair il faut que chacun accepte de se remettre en question et balaie devant sa porte. Il ne s’agit pas d’opposer un dogme à un autre mais de tirer les leçons d’une situation difficile et prendre les mesures pour éviter que cela se reproduise. « La santé et l’État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, déléguer notre capacité à soigner est une folie, nous devons en reprendre le contrôle… quoiqu’il en coûte » dirait le chef de l’État.

Par ailleurs après cette interview je me suis plongé dans la lecture d’un article de Yuval Noah Harari, auteur de « Sapiens. Une brève histoire de l’humanité » (Albin Michel, 2015), et de       « 21 leçons pour le XXI siècle » (Albin Michel, 2018) et Maître de conférences au département d’histoire de l’Université hébraïque de Jérusalem. Cet article est un plaidoyer sur la nécessité de s’appuyer sur la solidarité internationale et la coopération pour vaincre le Covid 19. Je vous en livre les éléments essentiels.

Face à l’épidémie du corona virus certains accusent la mondialisation et pensent que le seul moyen d’éviter que ce scénario se reproduise est de démondialiser le monde, construire des murs, restreindre les voyages, limiter les échanges. Pourtant les épidémies ont tué des millions de gens bien avant l’ère de la mondialisation. La peste noire au XIVème siècle s’est répandue de l’Extrême orient à l’Europe occidentale. En 1520, au Mexique, une épidémie de variole a décimé un tiers des habitants. En 1918 la grippe espagnole a contaminé plus d’un quart de l’espèce humaine. Depuis l’humanité est devenue encore plus vulnérable aux épidémies par l’effet combiné d’une amélioration des transports et de l’augmentation des populations. Mais  l’ampleur et l’impact  des épidémies ont, en réalité, considérablement diminué grâce aux scientifiques du monde entier qui ont mis en commun des informations et sont parvenus ensemble à comprendre les mécanismes des épidémies et les moyens de les combattre.

L’histoire nous apprend que, face aux épidémies, pour que l’isolement nous protège efficacement, il faudrait retourner à l’âge de pierre. La coopération internationale est également nécessaire pour que les mesures de confinement soient efficaces. Il est indispensable de comprendre que la propagation de l’épidémie dans n’importe quel pays met en péril l’humanité entière. Les frontières qu’il faut protéger sont celles qui séparent le monde des hommes de celui des virus.

L’humanité doit faire face au corona virus mais aussi à la défiance que les hommes ont les uns envers les autres. Pour vaincre une épidémie il faut que les gens aient confiance dans les experts scientifiques, les citoyens dans les autorités publiques et que les pays se fassent mutuellement confiance. Espérons que l’épidémie actuelle aide l’humanité à comprendre le danger que représente la désunion mondiale.

 En conclusion,

sortir des dogmes, prendre conscience que la santé et l’État-providence sont des biens précieux, préférer la coopération, l’entraide et la solidarité internationale plutôt que la concurrence sauvage et le règne de la cupidité sont des valeurs humanistes que nous devons promouvoir et qui permettront à l’humanité de progresser. Mais il faut bien reconnaitre que vu l’état du monde et la montée des nationalismes il y a de quoi s’inquiéter.

6 avril 2020

Auteur/autrice : Maurice

Retraité, diplômé en sciences économiques, j'ai été enseignant, chercheur en sciences sociales, syndicaliste, mutualiste militant, chef d'entreprise d’économie sociale. Depuis mes études je suis intéressé par l'épistémologie en sciences sociales et la pluridisciplinarité. J'ai créé ce blog pour m'exprimer et échanger avec ceux qui le souhaitent.

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