La mondialisation
La mondialisation c’est d’abord la mondialisation de l’économie mais elle comporte aussi de nombreux autres aspects : les flux internationaux des idées et des connaissances, le partage des cultures, la société civile mondiale, l’avenir écologique de la planète etc.… Sur le plan économique, ce que l’on appelle maintenant la globalisation de l’économie, l’intégration économique croissante des pays du monde par intensification des flux de biens et de services, de capitaux et même de main d’œuvre.
Les tenants de la mondialisation affirment qu’elle va améliorer le sort de tous, élever les niveaux de vie dans le monde entier, ouvrir les marchés extérieurs aux pays pauvres pour leur permettre de vendre leurs produits, développer les investissements étrangers dans les pays pauvres pour leur permettre de produire de nouveaux produits à meilleur prix, ouvrir les frontières pour permettre la circulation des hommes et des produits pour le bien de tous. Ce qui sous-tend cette affirmation c’est la pensée économique libérale qui a muté à partir des années 1980 en un rameau néolibéral.
Dans les années 1990, le « consensus de Washington » établi par le Fond Monétaire International (FMI), la Banque mondiale, le Trésor des États-Unis, préconisait de réduire l’intervention des États afin de réduire les déficits budgétaires, de déréglementer, de libéraliser, de privatiser au plus vite le maximum de secteurs (voir mon article de décembre 2019 sur la mondialisation).
C’est sur cette base que les politiques économiques se sont déployées dans presque tous les pays.
La crise financière de 2008 a fait la démonstration que contrairement à l’idéologie néolibérale le « laisser faire » ne conduit pas à l’équilibre. Les banques ont été jugées « trop grosses pour faire faillite ». Les gouvernements les ont perfusées d’euros et de dollars pour éponger les frasques de financiers cupides et irresponsables. Mais cela n’a pas entrainé une remise en question de la doxa néolibérale.
La crise sanitaire
En ce début d’année 2020 nous sommes confronté à une nouvelle crise : le coronavirus apparu en Chine est en train de se généraliser sur toute la planète. Les scientifiques estiment que cette maladie est un réel danger. La Covid-19 est au moins autant contagieuse que la grippe saisonnière mais est surtout beaucoup plus mortelle. Les modalités de transmission sont multiples. La transmission se fait de personne à personne mais aussi au contact de surfaces ou d’objets sur lesquels le virus est présent. Les médecins n’ont pas à ce jour de traitement pour l’éradiquer. Ils recommandent la vigilance, la protection et le confinement associé à des mesures de distanciation sociale et d’hygiène.
Les mesures de confinement sont le seul moyen efficace de lutter contre la propagation de l’épidémie. Encore faut-il qu’il soit plus rigoureux et que, avec les soignants, seuls les secteurs essentiels puissent continuer à travailler notamment l’équipement médical, l’alimentaire, les transports, le nettoyage et le traitement des déchets.
Les soignants à l’hôpital et dans les cabinets médicaux demandent pouvoir exercer leur métier sans se mettre en danger ni mettre en danger leurs patients. Ils manquent de masques, de gants, de blouses, de matériels médicaux. L’utilisation de tests est réclamée par certains. Toutes ces demandes mettent en évidence notre dépendance vis à vis d’autres pays. Nous n’avons pas de tests en suffisance car les réactifs sont importés principalement d’Asie, avec difficulté. Nous n’avons pas de stocks suffisant de gants car ils ont été réduits pour des raisons de restriction budgétaire. Ces manques sont les conséquences de la désindustrialisation de notre économie et de la réduction des dépenses publiques.
La crise sanitaire s’est abattue sur un service public de santé affaibli et met en lumière les tares de notre système de soins. Comme l’explique le professeur de médecine André GRIMALDI, l’État a abimé l’hôpital public depuis des années, depuis qu’a commencé le règne des économistes de pensée libérale ou néolibérale pour qui les activités humaines doivent être mesurées, valorisées, et mise en concurrence sur un marché. La tarification à l’activité a mis la santé dans une logique de marché. C’est l’entrée du « new public management » dans l’hôpital.
Les médicaments sont devenus des marchandises comme les autres. Les laboratoires abandonnent la production des principes actifs à l’Inde et à la Chine au nom de la rentabilité. Les stocks deviennent une immobilisation financière. L’hôpital devient une entreprise aux mains de managers. On ne répond plus à des besoins on gagne des parts de marché. On travaille à flux tendus. La novlangue a envahi l’hôpital et s’est emparée des esprits. C’est ce qui explique la diminution des lits de réanimation, le manque de médicaments, la pénurie de masques et de tests, etc…
Nous payons cash l’application dogmatique des mesures préconisées par le néolibéralisme.
Le Président de la République, dans son allocution du 12 mars 2020, ne dit pas autre chose. Il a déclaré que « la santé gratuite sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe » et que « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie à d’autres est une folie, nous devons en reprendre le contrôle ». Il a aussi promis qu’il assumera « dans les prochaines semaines, les prochains mois des décisions de rupture en ce sens ».
C’est un discours humaniste auquel le Président ne nous a pas habitué. Attendons la suite.
Mars 2020
Si vers les années 80, le pensée économique libérale s’est orientée vers le rameau néolibéral (peut être devrait-on parler alors d’un libéralisme radical ?) les conséquences de ces choix, se sont dès lors manifestées dans tous les domaines du commerce comme ceux de l’industrie. On peut aujourd’hui en mesurer les effets
sur la recherche médicale et pharmaceutique et notamment sur celle du médicament. Le parcours d’une ou plusieurs molécules associées destinées, à l’élaboration du traitement d’une pathologie peut s’avérer long et coûteux avant sa mise sur le marché quand celle-ci est possible. Les laboratoires doivent donc investir des sommes conséquentes avant de pouvoir espérer un retour sur investissement. Dans le contexte actuel, néolibéralisme oblige, les laboratoires n’ont d’autre choix que d’orienter leurs recherches vers le traitement des maladies rentables, délaissant celles qui le sont moins ainsi que les maladies orphelines. Cet état de chose entraîne aussi et ce n’est pas nouveau des questions d’éthique, les laboratoires pharmaceutiques sont aujourd’hui des lobbies très puissants qui influent sur les politiques de santé à l’échelle des états. Santé publique et recherche scientifique sont indissociables mais s’accommode très mal des effets du néolibéralisme et de son manque d’éthique
Bravo Mauricadmin5461. (ton adresse ou ta date de naissance ?) 🙂
Un « petit blog » qui mériterait de se développer.
Sujets super intéressants, et bien traités.
Gérard