L’avenir de la planète, le diagnostic ?

Étymologiquement écologie vient de « oïkos » qui, en grec ancien, signifie l’espace familier où l’on habite, où l’on entretient avec les autres des relations de coexistence. Ce terme a été forgé en 1866 par le biologiste et philosophe allemand Ernst HAEKEL. Il la définit comme « la totalité de la science des relations de l’organisme avec son environnement, comprenant au sens large toutes les conditions de l’existence ». Dans la seconde moitié du XXème siècle s’est imposé le sens courant du terme « écologie ». Au-delà de l’étude scientifique des systèmes c’est aussi le respect de l’environnement, le souci de combattre la pollution, de préserver les ressources énergétiques et la biodiversité, d’éviter la dégradation du climat et les catastrophes qui risquent de s’en suivre, en un mot la volonté de protéger la planète.

C’est une préoccupation déjà ancienne !

Dès 1957, Bertrand DE JOUVENEL, juriste, politologue et économiste, fondateur de la revue « futuribles » consacrée à la réflexion sur les futurs possibles, avait mis en cause l’impact de la croissance économique sur les régulations de la nature.

En 1972 le Club de Rome publiait le rapport Meadows intitulé « halte à la croissance » soulignant le caractère redoutable des croissances exponentielles et l’urgence des problèmes qu’elles soulevaient. Le monde prenait conscience des atteintes infligées à la nature : surexploitation de certaines ressources, dégradation de l’atmosphère des villes, de fleuves, de côtes suite aux naufrages répétés de plusieurs pétroliers géants. A chaque fois étaient prises des mesures spécifiques et on ne s’en tirait pas trop mal. La politique de l’environnement était réduite à une succession de mesures ponctuelles extensibles selon les urgences et les besoins.

Dans les années 1980 apparaissent les atteintes dites « globales » à la nature. Les accidents affectant deux centrales nucléaires, Three Mile Island en 1979 et Tchernobyl en 1986, déclenchent des conséquences susceptibles de s’étendre sur l’ensemble de la planète.

Plus tard les faits se précisent

En 1985 il se vérifie que les chlorofluorocarbones attaquent l’ozone stratosphérique. La question des émissions de CO2 (dioxyde de carbone) et de leur impact sur la température de la planète se trouve confirmée en 1989 par les études de la NASA. On commence à se préoccuper de la réduction de la biodiversité. Ce sont les grandes fonctions régulatrices du milieu naturel qui se trouvent menacées : filtration du rayonnement ultraviolet d’origine solaire sans laquelle la vie n’aurait pu se diversifier et s’étendre ; régulation thermique maintenant la planète dans des limites de températures compatibles avec la pérennité de la vie ; diversité des formes indispensables à la stabilité du vivant.

La biosphère est un vaste système complexe autorégulé et autoreproducteur de régulations interdépendantes, dans la reproduction duquel la vie, et par conséquent l’espèce humaine, joue un rôle primordial. Le développement de la vie contribue à modifier ce système. L’existence de limites, en-deçà et au-delà desquelles la vie ne peut pas se développer, joue un rôle fondamental dans sa pérennité. La diversité des espèces est un facteur essentiel de sa pérennité.

La logique du développement économique, pensé en lui-même et pour lui-même, s’oppose en tout point à ce mode de régulation. La nature tend à tirer de l’énergie solaire le maximum de biomasse. La biomasse est la matière organique d’origine végétale, animale, bactérienne ou fongique utilisable comme une source d’énergie. Elle peut être valorisée de manière thermique, chimique ou biochimique. L’écosystème tend naturellement à optimiser ses stocks, niveau qui correspond à la quantité la plus importante de biomasse qu’il peut porter compte tenu de la quantité d’énergie solaire qu’il reçoit.

A l’opposé, l’économie s’attache à maximiser le flux des produits qu’elle tire d’un stock limité de moyens de production en n’hésitant pas à surexploiter les réserves naturelles jusqu’à l’épuisement. Les rythmes d’exploitation de l’économie, axés sur les rendements immédiats, ne respectent pas les temps de cycles naturels, ils franchissent les limites des possibilités de reproduction des ressources renouvelables et des rythmes d’autorégulation des écosystèmes.

Nous avons donc une espèce dominante qui compromet la reproduction du milieu qui la porte et dont la plasticité n’est pas infinie. Or l’homme est une espèce consciente, qui possède la faculté de penser sa position et de prévoir les conséquences de ses actes au sein de ce milieu.

Le rapport Brundtland, en 1987, définit le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. »

 Le rapport GEO-4, publié en fin 2007 par le programme des Nations Unies pour l’environnement, précise la nature des problèmes et les perspectives qui en découlent pour l’humanité.

La communauté internationale a réduit de 95% la production de produits chimiques qui abiment la couche d’ozone. Elle a créé un traité de réduction des gaz à effets de serre qui régit le commerce du carbone par des marchés de compensation. Elle a favorisé une hausse des zones terrestres protégées qui couvrent environ 12% de la terre et créé de nombreux instruments concernant la biodiversité, les déchets dangereux et la modification des organismes vivants. Mais cela n’est pas suffisant disent les auteurs.

Des difficultés nouvelles se révèlent allant de la vie des océans à l’apparition de pathologie liées à l’environnement. Aucun des problèmes soulevés ne connait de prévisions d’évolution favorables.

Le monde vit au-dessus de ses moyens et épuise son patrimoine au détriment des générations futures. L’eau est menacée quantitativement et qualitativement. La biodiversité est compromise. Les effets du changement climatique sont incontestables. La hausse moyenne des températures mondiales est estimée à 0,7°C pour le siècle passé et 1,8°C pour le siècle en cours alors que certains scientifiques pensent qu’une hausse de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels est un seuil au-delà duquel la menace des dégâts majeurs et irréversibles devient plus plausible. Et les inégalités ne cessent de s’accroitre entre les pays riches et les pays pauvres et à l’intérieur de chaque pays entre les plus riches et les plus pauvres.

Le rapport souligne l’interdépendance de ces problèmes : la crise environnementale, la crise du développement, et la crise de l’énergie ne font qu’un. Cette crise n’inclut pas seulement le changement climatique, le recul de la biodiversité et la faim mais aussi d’autres problèmes liés à la croissance de la population mondiale, à la hausse de la consommation des riches et au désespoir des pauvres.

Si les tendances actuelles se prolongent, la population atteindra les 9 milliards d’individus en 2050, (hypothèse moyenne de la prévision de l’ONU), le produit intérieur brut sera multiplié par cinq, l’environnement et la société évolueront vers des points de basculement où des changements soudains et irréversibles pourraient survenir.

 Si la population atteint 8 milliards d’habitants en 2050, (hypothèse basse de la prévision de l’ONU), et que le taux de croissance du PIB mondial reste modéré soit un triplement, cela concilierait la sauvegarde de la nature avec l’amélioration de la condition des habitants de la planète.

Le directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement conclut que la destruction systématique des ressources naturelles a atteint un niveau auquel la viabilité des économies est en danger, et auquel la facture que nous passons à nos enfants peut se révéler impossible à payer.

Depuis le rapport des Nations Unies de 2007 les choses n’ont pas grandement évoluées.

La Cop 21, qui s’est tenue en France en 2015, a pris une portée mondiale : les délégués sont parvenus à un projet d’accord final, adopté à l’unanimité par les 175 pays participants. Le texte, non contraignant, a fixé l’objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, en visant la barre des 1,5°C. Lors de la COP 22, 59% des pays ont ratifié l’accord, permettant sa mise en œuvre à partir de 2020.

Selon un nouveau rapport, publié en novembre 2018 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement, les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) ont augmenté en 2017 après avoir été stables pendant les trois précédentes années. Cette augmentation souligne la nécessité impérative pour les pays de respecter l’Accord de Paris sur le climat et de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 2°C.

Ce rapport suit de près le rapport du GIEC, Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique, publié en octobre, qui avertissait que les émissions devraient cesser d’augmenter maintenant si l’on voulait respecter l’objectif de maintenir la hausse de température en dessous de 1,5 °C. Les auteurs du rapport notent que les pays devraient multiplier par trois leurs efforts en matière de lutte contre le changement climatique pour pouvoir respecter la limite de hausse de 2 °C d’ici le milieu du siècle. Pour respecter la limite de 1,5 °C, ils devraient quintupler leurs efforts. La poursuite des tendances actuelles entraînera probablement un réchauffement de la planète d’environ 3 °C d’ici la fin du siècle, puis une augmentation continue de la température.

Le rapport propose aux gouvernements des moyens concrets de réduire leurs émissions, notamment par le biais de la politique fiscale, de technologies innovantes, d’actions non étatiques, etc…

A la COP 24 qui s’est déroulée du 3 au 14 décembre 2018 à Katowice en Pologne, les 196 pays sont parvenus à s’entendre sur les règles d’application de l’accord de Paris, conclu en 2015, permettant sa mise en œuvre effective en 2020. La communauté internationale, en revanche, a échoué à s’engager sur une hausse des efforts collectifs dans la lutte contre le changement climatique, malgré les catastrophes qui se multiplient à travers le monde.

Sommes-nous entrés dans l’anthropocène ?

Comparée à l’Univers et même à la Terre, l’humanité est bien jeune. Les géologues décrivent l’histoire de la Terre en la divisant en périodes. Officiellement la Terre est toujours dans l’époque de l’Holocène, période qui a vu l’accroissement de l’humanité et qui a débuté il y a environ 11700 ans. L’Holocène a bénéficié de conditions particulièrement stables et clémentes durant laquelle Homo sapiens y a connu sa plus grande expansion qui s’est accompagnée des premières modifications écologiques importantes avec notamment l’apparition de l’agriculture à laquelle sont associées les modifications massives de paysages et leurs conséquences climatiques. Ce qui est nouveau aujourd’hui c’est le nombre, l’étendue et la rapidité de ces changements.

Le changement climatique, la montée du niveau des mers, l’acidification des océans, le changement d’usage des sols, tous ces phénomènes se sont multipliés simultanément.

La Terre a toujours changé depuis des milliards d’années. Mais les transformations imposées par les humains sont saisissantes, tant par leur nombre que par leur rapidité et leur échelle. C’est ce qui amène des scientifiques à émettre l’idée que la Terre est entrée dans une nouvelle période géologique, l’anthropocène, c’est-à-dire « l’Ère de l’homme ».

Auteur/autrice : Maurice

Retraité, diplômé en sciences économiques, j'ai été enseignant, chercheur en sciences sociales, syndicaliste, mutualiste militant, chef d'entreprise d’économie sociale. Depuis mes études je suis intéressé par l'épistémologie en sciences sociales et la pluridisciplinarité. J'ai créé ce blog pour m'exprimer et échanger avec ceux qui le souhaitent.

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